Les eaux du bassin Adour-Garonne
1 - Qualité de l'eau
Pratiquement toutes les eaux du bassin Adour-Garonne, qu’elles soient superficielles, souterraines voire parfois profondes, sont contaminées à des degrés variables selon leur situation dans le bassin, et par des polluants divers selon leur origine.
Nous sommes très en retard sur l’objectif de la directive cadre européenne du 23 octobre 2000 qui fixe comme objectif de « parvenir au minimum à un bon état des eaux ». Les bassins du Poitou-Charentes sont les plus touchés.
Par suite les captages pour l’alimentation en eau potable quelle que soit leur origine sont conta-minés par de nombreux polluants d’origine agricole, industrielles et domestique. Même lorsque les taux n’atteignent pas les seuils réputés néfastes pour la santé ils doivent faire l’objet d’investigations et d’action préventives. La recherche de leur origine et leur suppression est capitale, sans quoi il ne sera pas possible de maîtriser à terme l’alimentation des populations. Bien évidemment si le traitement curatif pallie cette situation il ne peut être une solution durable et re-présente une charge irresponsable pour les générations futures.
Les eaux souterraines du bassin Adour-Garonne constituent une ressource stratégique pour l’alimentation en eau potable (les deux tiers des prélèvements sont réalisés dans les nappes qui fournissent 80 % de l’eau potable du bassin) et connaissent des pressions/pollutions importantes. Le coût de la protection de la ressource ne représente qu’une faible partie du prix payé par le consommateur, contrairement au coût de traitement de l’eau.
Les Syndicats d’Eau Potable sont confrontés à une recrudescence de la pollution par les pesticides et leurs métabolites dans les captages d’eaux brutes, ainsi que par les PFAS. Leur traite-ment devient plus difficile et plus coûteux. Certaines collectivités qui adoptent la maîtrise des sols contribuent à l’arrêt de nouveaux épandages d’intrants. Cette solution est à encourager car d’une part c’est une réponse à long terme, et d’autre part elle est moins coûteuse.
Une priorité est donnée aux captages prioritaires pour la production d’eau potable sans résultats suffisants. De plus tous les captages doivent être préservés, les périmètres de protection sont très insuffisants pour contenir une bonne qualité des eaux.
- Si l’Agence de l’eau est chargée de l’atteinte du bon état des eaux et affiche des objectifs utiles, il s’avère que la progression est très lente voire nulle. Nous pensons que les contaminations sont le plus souvent bien identifiées mais que les actions correctives sont insuffisantes. Les solutions fondées sur la nature doivent être mises en œuvre de manière privilégiées, le principe de prévention doit prévaloir, si on n’épand pas de polluants on n’en retrouvera pas dans les eaux.
- Concernant la qualité de l’eau potable les dépassements des seuils de qualité sont de nature à agir sur les causes, les périmètres de protection doivent vraiment jouer leur rôle en particulier l’arrêt de tous polluants dans les sols, privilégiant l’agriculture biologique, les zones boisées ou les prairies naturelles.
- Maintenir une bonne qualité des eaux dans les milieux naturels contribue à l’économie : coût des traitements pour la production d’eau potable réduits, meilleure qualité des productions halieutique, et meilleure qualité des produits de l’agriculture.
- La continuité écologique des cours d’eau a montré ses effets positifs, elle doit être poursuivie.
- Enfin pas de qualité sans eau, les ressources doivent être suffisantes, ce qui induit la sobriété des usages, première action cohérente avec une baisse des ressources.
2 - Partage de la ressource
La ressource en eau n’étant pas sans limites il importe d’organiser son usage pour tous les préle-veurs. Il convient donc d’établir des priorités, c’est ce que fait la réglementation (article L. 210I du Code de l’environnement) en donnant la priorité à l’alimentation en eau potable et aux mi-lieux naturels. Malheureusement nous constatons que cet article n’est pas toujours respecté.
- Les Agences de l’Eau doivent conditionner leurs aides aux pratiques de gestion économe des ressources en eau et faciliter une bonne information des publics quant aux pratiques et statistiques des industriels, des agriculteurs, des collectivités.
- Soutenir les réseaux agricoles durables et paysans (qui s’engagent à respecter la ressource en eau et avoir une politique volontariste) à travers leur participation aux CLE, SAGE, SDAGE et Comités de bassins.
- Soutenir et accompagner les alternatives agricoles adaptées aux conditions pédoclimatiques et aux ressources en eau disponibles, notamment les petites exploitations en polyculture élevage et l’installation de nouveaux petits exploitants.
- Soutenir l’agriculture biologique et la valorisation de ses produits (alimentation ; tissage ; huiles) et aider financièrement les conversions.
- Augmenter la végétalisation en ville permettant l’infiltration de l’eau, et la poursuite du cycle naturel de l’eau, avec un objectif de 30% des surfaces urbaines végétalisées d’ici 2040.
- Adapter les pratiques pour utiliser moins d’eau de manière générale, et moins d’eau potable en particulier, afin d’assurer une alimentation en eau potable indispensable à la consommation humaine.
- Sensibiliser la population aux économies d’eau, généraliser l’utilisation d’eau de pluie pour les toilettes ou les jardins.
3 - Gouvernance de la politique et son financement
La Directive cadre Européenne de l’eau prévoit le « Bon État des eaux », elle prévoit aussi la non détérioration de la qualité.
Les enjeux de l’eau de manière transversale, dans toutes les politiques publiques, doivent conditionner les aides publiques à des résultats et à des améliorations agro-écologiques, voire à des actions correctives fortes (réduction d’intrants) lorsque l’inertie retarde les effets.
Les instances relatives à la gestion de l’eau sont assez bien pourvues, nous devons veiller à leur bon fonctionnement (notamment les relations entre comités restreints, comités techniques, co-mités de pilotage), l’équilibre des représentations.
L’information, première action de transparence de la gestion de l’eau, doit être améliorée. Il ne suffit pas de publier sur un site, les acteurs de l’eau sont assez bien identifiés pour une communication directe. Par exemple les sites des préfectures ne permettent pas à tous les citoyens un accès facile.
La concertation et la consultation, préalables doivent être clairement mis en œuvre avant toute décision et arrêté.
L’adaptation au changement climatique doit faire partie intégrante de la gestion de l’eau.
Confrontés à une baisse des ressources liée au changement climatique et aux activités humaines la logique veut que nous adaptions les usages à la disponibilité de la ressource. La sobriété des usages de l’eau pour tous les usagers est à privilégier.
Quant au financement il doit être une incitation au maintien et à l’amélioration de la qualité. Le principe « pollueur-payeur » reste un principe de base (Ceux qui dégradent la qualité de l’eau doivent contribuer financièrement aux coûts de la dépollution, incitant ainsi à des pratiques plus respectueuses). Le principe de prévention doit aussi être financé.
L'eau en Charente
L’eau, la société civile
et le bien commun
La Charente se distingue par une surexploitation de sa ressource en eau et par une dégradation de sa qualité, alors que sur un territoire donné, la seule ressource est la pluie dont le volume n’est pas entièrement disponible. En effet, ce qui reste de cette eau tombée du ciel, dont 60% s’évapore, se répartit dans les rivières et les nappes souterraines. En fait, entre l’hiver et l’été, c’est la température qui est la variable la plus importante, l’été l’évaporation étant supérieure à la pluviométrie.
La bonne gestion consiste donc à faciliter l’infiltration dans les sols par la réduction des surfaces imperméabilisées, en conservant et développant des haies et des zones humides. Nous contribuons ainsi à un écrêtement des crues et au soutien des étiages.
Nous puisons l’eau dans les nappes et les rivières. S’il en reste ! Dans notre département, l’eau potable est prélevée dans les nappes d’eau souterraines.
Sur 100 captages pour l’eau potable, seuls 3 se font en rivière.
Quant aux prélèvements agricoles, pratiqués par 10 % de la profession, ils se font aussi en nappes et en rivières, concentrés en été lorsque la ressource est la plus faible. Cet usage est souvent l’objet de conflits quand les prélèvements dépassent les volumes nécessaires au bon fonctionnement des rivières et des écosystèmes. Dans les bassins à surfaces irriguées importantes, nous assistons chaque année à un assèchement de cours d’eau.
La population est attentive à la sauvegarde du bien commun que représente la ressource en eau et alerte sur l’adaptation au changement climatique qui doit nécessairement passer par une réduction des consommations ! Dans ce contexte, la société civile est légitime à prendre sa part dans la gouvernance de la gestion de l’eau.
Photo de l’article : © Pierre Fantin – Charente Nature – Le fleuve Charente à Thouérat
Les mares
Des mares sans moustiques
Depuis l’arrivée de fortes chaleurs précoces, il est courant d’entendre dire, comme de plus en plus souvent en Charente et ailleurs, « j’ai été piqué par des moustiques !». Cet agacement est souvent aussi l’expression d’une impuissance face au moustique tigre qui a atteint la Charente en 2019. Sa spécificité est sa capacité à propager certaines maladies tropicales. Les autorités sanitaires s’en sont émues et préconisent toujours l’élimination des points d’eau stagnante dans notre environnement familier, y compris sous les pots de fleurs, les vieux pneus et les encombrants abandonnés qui peuvent contenir des larves de l’insecte dans très peu d’eau. Depuis longtemps, les mares de nos villages et de nos fermes traditionnelles ont été l’objet de suspicions de propagation de toutes sortes de maladies. A partir des années 1950, sous couvert d’hygiénisme, de nombreux comblements de mares ont été réalisés, sans réel discernement de leurs motivations. Mais qu’en est-il vraiment ? En réalité, ces milieux de vie sauvage en évolution permanente, sont un refuge de faune aquatique. Le suivi scientifique de la mare apporte une connaissance approfondie du rôle de chacune de ses composantes. Bien entendu le moustique peut y pondre, mais ses larves rencontreront de nombreux prédateurs. Outre les salamandres, tritons, grenouilles et crapauds, le cortège des insectes dévoilera la présence de larves et d’adultes de dytiques, de libellules, de nèpes et de bien d’autres espèces prédatrices en cohabitation ou en compétition entre elles. Leur présence se révèle spontanément dés lors que la végétation s’y est préalablement installée. Si besoin, il est donc judicieux de favoriser une végétation rivulaire diversifiée en y implantant des iris d’eau, des sagittaires, des carex, diverses renoncules… Les écologues démontrent que les mares, riches en biodiversité animale et végétale et dénuées de pollution par des nitrates en excès, se développent en équilibre harmonieux. Sous cette réserve et d’expérience, on peut affirmer que la mare des villes ou la mare des champs est indemne de moustiques et qu’elle n’est pas une source de propagation de cet insecte piqueur. Il faut donc aller chercher ailleurs les facteurs de sa dissémination, dans les eaux stagnantes dans les réseaux d’assainissement et d’eaux pluviales, les pièces d’eau non végétalisées, les rivières estivales interrompues par des assecs. A rebours d’opinions communes, il est donc possible de soutenir que les mares équilibrées biologiquement, outre leur agrément esthétique et paysager utiles à la faune sauvage, sont des pièges pour les larves de moustiques. Idéalement, elles peuvent jouer un rôle de biosécurité, complémentaire des moyens de lutte contre le moustique tigre, prônés à juste titre par les autorités sanitaires.
Inventaires
des mares du
Poitou-Charentes
Photo de l’article : © Céline Pagot – Charente Nature
Pollution
Causes, conséquences
Aménagement
des territoires
Haies et
espaces boisés
Gestion et protection
